On the Faience of Your Eyes
Musquiqui Chihying
19/05/2022 - 30/07/2022
Nous avons le plaisir de vous présenter la première exposition de Musquiqui Chihying à Paris, On the Faience of Your Eyes.
L'exposition présente de nouvelles œuvres multimédias. Principalement, des installations et de l'art NFT qui incluent des recherches critiques sur l’approche et la présentation des collections dans les musées. Musquiqui Chihying explore la manière-même d’exposer une œuvre, quel que soit son mode d’acquisition ; pillage, achat ou don, il forme le système de connaissances d'Autrui.
On the Faience of Your Eyes s'appuie sur deux expositions historiques d’objets orientaux dans des musées occidentaux.
La première exposition a eu lieu en 1929 à l'Akademie der Künste qui se situe à la Pariser Platz à Berlin. Elle a duré plus de deux mois et a exposé plus de mille objets, ce qui en fait la pionnière concernant les collections d’œuvres provenant de Chine. La deuxième exposition a eu lieu au Château de Fontainebleau. Des objets d’art provenant de Chine, du Japon, du Cambodge, de Corée, et du Tibet sont exposés dans le Musée chinois et dans le salon de l’Impératrice Eugénie depuis 19ème siècle. Qu'il s'agisse de pillage de guerre, de don ou d'acquisition, ces deux expositions reflètent qu'Autrui apporte son imaginaire, personnel ou collectif, d’un ailleurs aux objets exposés. Tirant son titre du célèbre poème “Vase de Chine” de Victor Hugo, et suivant l'approche littéraire de l'écrivain consistant à anthropomorphiser les objets exotiques, l'exposition tente de déconstruire le regard qui constitue en partie l’idéologie coloniale et l’exotisme.
Ⅰ. The Phantasmagoria
Le nom de l’œuvre The Phantasmagoria est tiré d'un article du même nom paru dans la revue artistique allemande “Ostasiatische Zeitschrift” en 1929, à la suite de la visite de l'écrivain britannique Francis Ayscough à l’exposition à l'Académie des arts de Berlin. Dans ce court essai expérimental, l'auteur imagine ces objets venus d'ailleurs se parler et chanter à minuit. Cette œuvre combine les descriptions abstraites de la forme et du temps données par les objets de l'article et tente de construire algorithmiquement un scénario se faisant l’adaptation du chant de ces objets.
Ⅱ. The Vitrine
Le Musée chinois du château de Fontainebleau a été fondé en 1867 et sa collection a été en grande partie pillée par les Britanniques et les Français après la guerre de l'opium.
En prenant cet événement comme point de départ, la collection peut être divisée en trois expériences visuelles distinctes. Tout d'abord, la première se réfère à l’époque précédent l’invasion, lorsque les missionnaires ont introduit les techniques occidentales de "Perspective Linéaire" à la cour Qing ; un point de rencontre important entre les concepts visuels orientaux et occidentaux.
Par la suite, à l’ère post-invasion, des objets ont été pillés en Europe et certains d'entre eux ont été délibérément adaptés par les membres de la cour française pour incorporer des styles artistiques occidentaux. Cette re-création "pastiche" a dépouillé les objets de leur fonction stylistique originale et les a projetés dans une lumière nettement hégémonique.
Par ailleurs, le vol du musée le 1er mars 2015 marque le troisième tournant, et celui-ci, dans le contexte contemporain.
L'exposition d'objets pillés pendant la période coloniale connaît un changement de sens important dans le contexte politique et idéologique international actuel, mettant en évidence les problèmes sociétaux fondamentaux des musées occidentaux. La multiplication des vols et des "pas vu" de collections, au cours des dernières années, laisse entrevoir un vaste réseau d'implication politique et de transactions en sous-main.
En transformant l'espace d'exposition en scène de vol, “The Vitrine” fait non seulement le lien avec l'histoire, mais répond également à la suggestion des commissaires, Ariella Azoulay et Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, de faire des "musées des scènes de crime", une nouvelle façon de voir les musées.
Ⅲ. The Shelf
“The Shelf“ représente, en proportion égale, quinze objets exposés au Musée chinois du château de Fontainebleau. Les yeux caricaturaux sur ces objets sont tirés d'une affiche d'une exposition de 1929 à l'Académie des Beaux-Arts de Berlin, qui mettait l'accent sur la forme des yeux des objets pour les faire paraître vivants ; ce qui a peut-être inspiré Francis à anthropomorphiser les objets dans ses écrits. En outre, le cadrage irrégulier de cette œuvre met en évidence l'utilisation des étagères d'exposition du musée comme support des objets.
Correspondant à l'armoire de présentation, ces deux œuvres tentent de présenter la possibilité de la manière même d’exposer une œuvre comme une technique de construction idéologique.
Ⅳ. The Looty
Une autre œuvre qui s’appelle The Looty.
Un lion et un singe en peluche sont tombés amoureux. Cependant, le lion était trop gros, alors il s'est tourné vers le Bouddha. Le Bouddha a ensuite donné au lion la taille d'un singe en peluche, ce qui en fait l'ancêtre du Pékinois.
Le nom de cette œuvre provient d'un caniche qui a été pillé en Occident par les Britanniques et les Français après la guerre de l'opium. Le nom d'origine du chien n'est pas connu, mais le nouveau nom que lui a donné la Couronne britannique reflète bien sa situation politique contradictoire: trophée pillé et survivant du désastre.
L'œuvre est créée selon son image. En plus de la commémoration de l'événement, c'est aussi une manière de repenser la façon dont les nouvelles technologies modifient les formes de collecte et de transmission des images.
Continuing Chihying's long-term critical research into museums and collections, "On the Faience of Your Eyes" attempts to explore how the views of the others are shaped by displays and the creation of systemised knowledge, by reviewing two historical exhibitions of Asian artefacts exhibited in Western museums. The first exhibition, titled "Chinese Art" (Chinesische Kunst) was held in 1929 at the Berlin Academy of Arts (Akademie der Künste), located on the Pariser Platz in the capital of Germany. More than 1,000 exhibits were on display over a period of more than two months. This was the first time Chinese artefacts were displayed in Europe on such a grand scale. The second exhibition began at the Château de Fontainebleau in France in the mid-19th century, combining art from China, Siam, Japan, Korea and Tibet, which is still going on today. Whether the exhibits were acquired through war looting, gifts or acquisitions, after the Western collectors combine their imaginations and appropriation directly into these objects, the two exhibitions clearly reflect the image of the others that the viewers are pursuing. A famous poem from Victor Hugo, "Vase de Chine", is used as inspiration for the exhibition's title On The Faience Of Your Eyes. Through this French writer's poetic personification of exotic artefacts from the East, the installations in this exhibition examine the orientalist gaze generated by colonialism and violence.
Ⅰ. The Phantasmagoria
The title "Phantasmagoria" is taken from an article published in the German art journal Ostasiatische Zeitschrift by British writer Francis Ayscough following a visit to the exhibition Chinesische Kunst at the Berlin Academy of Arts in 1929. In this short experimental essay, the author imagines that these collections from Asia are talking and singing at midnight to each other. Using music generating algorithms, The Phantasmagoria constructs the scene of a singing collection by assembling subjective descriptions from the essay. The video was projected using an old technique called "Phantasmagoria", which was widely used before cinema was invented.
Ⅱ. The Vitrine
The Chinese Museum at the Palace of Fontainebleau was established in 1867. Most of the collections were plundered by the British and French forces during the Opium War. In view of this event, these collections can be constructed in three distinct viewing experiences: the first is the moment right before the foreign invasion when the Western "Perspective Linéaire" technique was introduced to the Qing imperial court, which became an important exchange between East and West in visual history. As part of the post-invasion period, the second moment, Chinese artefacts were looted and brought to Europe, some of which were remodelled by members of the French court by incorporating Western artistic styles.
This "Pastische" re-creation strips these objects of their original sculptural functions and enshrouds them with a distinctive hegemonic meaning. In the early morning of March 1, 2015, a theft incident happened again in the Chinese Museum at Fontainebleau, which marked the third moment in the contemporary context of these cultural objects. The display of colonial looted items is undergoing an important change under the current political and economic climate, highlighting the fundamental ideological problems of Western museums displaying the collections relate to colonialism. It also implies the involvement of huge political forces and the trading network under the table. Using storytelling as a medium, the sound installation The Vitrine transforms the exhibition site into a crime scene of a stolen museum, which not only provides audiences with a starting point to review the problematic Asian collection in Western institutions, but also responds to the critic Ariella Azoulay and Bonaventure Soh Bejeng Ndikung's concept of “museums as crime scenes”.
Ⅲ. The Shelf
The Shelf depicts the shadows of 15 porcelain vases on display at the Palace of Fontainebleau. The cartoon-like image of the eyes on the object comes from the exhibition poster of the Chinesische Kunst at Berlin Academy of Arts in 1929. The poster emphasises the shape of the exhibit's eyes, making the object appear alive. This design may have inspired Francis Ayscough to anthropomorphize the collection in his essay Phantasmagoria. The irregular display shelf used to support the vases in the museum is also highlighted by the irregular frames. As with Vitrine, the two works aim to present the technique of showing and constructing the ideologies of the other.
Ⅳ. The Looty
A lion and a marmoset fell in love. However, the size of the lion was too big, so the lion prayed to the Buddha for help. Buddha decided to turn it into the size of a marmoset and made it become the ancestor of pekingeses. The name of this work is derived from a pekingese which was plundered to the West by the British-French alliance after the Opium War. The dog’s real name was nowhere to find; nevertheless, the British royal family gave it a new name, Looty, which precisely reflected its contradictory political roles: being a plundered loot and a survivor in a disaster at the same time. The work The Looty turns the image of Looty into a non-fungible token for remembering this event and also rethinking how new technology can change the forms of collections and visual narrative communication.