Bee & Bobby Mc Leaf
Julie Navarro

15/05/2021 - 22/07/2021

LIUSA WANG est heureuse de présenter Bee & Bobby Mc Leaf la première exposition personnelle de Julie Navarro dans ses murs. Elle rassemble des travaux autour des liens sensibles et fictions poétiques que l’artiste entretient avec le monde vivant et les pas de côté de son imagination. Ses œuvres sont des passages, des traversées d’air et mélodies qu’elle colore, et dont l’épaisseur humaine et non humaine se dessine entre les espaces.

Si Janis Joplin rêvait d’échanger tous ses lendemains contre un seul hier, c’était pour embrasser son amant Bobby. Avec Bee & Bobby Mc Leaf (litt : abeille et Bobby Mcfeuille), Julie Navarro détourne la chanson de son égérie à l’horizon d’un paysage qu’elle re-compose : les glissements opèrent, les sentiments s’entremêlent, le blues s’ouvre au rose poudre, au vert, à l’arc en ciel.

La partition de Julie Navarro se déroule et s’étend à l’espace architectural de la galerie :

Une peinture monumentale sur moustiquaire – trente mètres de long – jaillit de la mezzanine jusqu’au rez-de-chaussée pour s’étirer en rouleau à l’horizontal. La toile diaphane et ses vibrations vertes matérialisent les flux d’un monde connecté. C’est une peinture qu’on traverse. Les relations au monde se révèlent dans des dimensions atmosphériques colorées. L’artiste sublime les rencontres entre le caché et le manifesté, laisse passer, comme un tamis, le souffle de l’air, des parfums d’humus, des reflets d’eau. Elle servira de fond de scène pour les abeilles chanteuses.  

Sa série d’Inaperçus, cadres sous verre, étend le regard à la verticale du paysage. Les œuvres sont nées de l’observation des tourbières dans le Limousin où la matière impalpable du sol millénaire s’est métamorphosée en substance immémoriale, flottante, comme une petite brume légère. Les formes en apesanteur, de couleur pastel, diffusent des sensations douces dans une esthétique abstraite minimale. L’inaperçu, précise Yves Michaud, « est le lieu presque introuvable de cette force poétique. Julie Navarro nous y fait entrer et séjourner (…). Les Roses poudre sont si discrets et si rayonnants de sensualité». 

A leur côté, les Tornà (occitan : fantôme) chuchotent des chroniques lointaines. Ce sont des sculptures en terre de tourbe imprimées sur papier calque. Leur superposition accompagne les remontées fantomatiques. « Par son écoute du sol, l’artiste révèle ce qui nous relie, écrit Laurent Quénéhen, la terre est un fluide qui traverse les êtres, les animaux, les feuillages comme en Afrique animiste où en Mongolie, là où les hommes croient que même les choses ont une âme. Des réseaux se tissent, invisibles, des fils tendus entre la vie et la non vie et ce qui ne se voit pas apparaît en couleur dans son travail plastique : on plonge dans le vert-feuille, le rose-éros ou le bleu-ciel. C’est une logique de la sensation, comme la nomme Gilles Deleuze (…) ». 

Dans la pratique de Julie Navarro, les tropismes activent les couloirs d’énergie. Elle cherche les points de contacts, s’accroche au cœur battant de la lumière : ici, c’est une peinture phosphorescente qu’elle a posée sur les minuscules attaches rondes des fragments de liane de lierre, formant, la nuit tombée, un alphabet d’étoiles ; là, les tiges hélicoïdales de la plante héliotrope se faufilent dans les alvéoles des plaques de polycarbonate. Les peintures d’argile réveillent d’autres intensités inspirées d’unions célestes, et danses de saisons autour de la plasticité de la terre (bal Mirage, bal Le Poing d’un autre). « C’est ça Navarro-protéique, parlez-moi du sol, je vous réponds ciel ! » Parlez-lui « ceps de vigne », elle vous répond « lettres », et comme ça à l’infini de son Imaginaire Déclinatif à Esprit-de-l’Escalier (IDEE)(Léon Mychkine).

L’artiste n’épuise jamais ses récits, elle chemine, déjoue les certitudes, poétise les relations à la lisière du monde réel.  

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LIUSA WANG is pleased to present Bee & Bobby Mc Leaf, the first solo exhibition of Julie Navarro within its walls. The exhibition assembles works around the sensitive links and poetic fictions the artist maintains with the living world and the workings of her imagination. Her works are passages, air flows, and melodies that she colors, with human and non-human layers emerging between the spaces.

Janis Joplin once sang that she would “trade all [her] tomorrows for one yesterday to be holdin’ Bobby” again. With Bee & Bobby Mc Leaf, Julie Navarro transfigures this cult song by her muse into a horizon of a landscape that she re-composes: the terrain shifts, the feelings intertwine, the blues expand into powder pink, green, and rainbow.

Julie Navarro's score unfolds and extends with the architectural space of the gallery:

A monumental painted mosquito net - thirty meters long - cascades from the mezzanine down to the ground floor where it rolls out horizontally. The diaphanous canvas and its green vibrations materialize the flows of a connected world. It’s a painting that we walk through. Atmospheric colored dimensions reveal unique relationships with the world. The artist sublimates the encounters between the hidden and the manifested: the breath of air, the scents of earth, the reflections of water pass through the sieve-like work, serving as a backdrop for the song bees.

Her series d’Inaperçus (Unperceived) extends the gaze vertically across the landscape. The works are derived from the observation of bogs in Limousin, where the impalpable material of the thousand-year-old soil has metamorphosed into an immemorial substance, floating like an ethereal mist. The weightless, pastel-colored shapes diffuse into soft sensations in a minimalist abstract aesthetic. “The unnoticed,” says Yves Michaud, "is the almost impossible-to-find place of this poetic force. Julie Navarro makes us enter and stay there (…). The Powder Roses are so discreet and so radiant with sensuality.”

The Tornà (Occitan: ghost) whispers of far-off chronicles. The superposition of these peat earth sculptures printed on tracing paper underpins the ghostly ascent. “By listening to the ground, the artist reveals what connects us,” writes Laurent Quénéhen, “the ground is a fluid which crosses the beings, the animals, the foliage like in animist Africa or in Mongolia, where the men believe that even objects have souls. Unseen networks are woven, threads stretched between the living and the inanimate, and what is not seen appears in color in her plastic work: we dive into leaf-green, eros pink or sky-blue. It is a logic of sensation, as Gilles Deleuze calls it (...).”

In Julie Navarro's practice, tropisms activate energy corridors. She looks for the points of contact, clings to the beating heart of light: here, it is a phosphorescent paint that she has placed on the tiny round tips of ivy liana fragments, forming, at nightfall, chains of stars; there, the helical stems of the heliotrope plant thread their way into the alveoli of the polycarbonate plates. The clay paintings awaken other intensities inspired by celestial unions and dances of the seasons around the plasticity of the earth (Mirage ball, Le Poing d'une autre ball). "That's the protean Navarro: ‘tell me about the earth, I say to you heaven!’ Tell her ‘vines,’ she replies ‘letters’, and like that to the infinity of her Imaginaire Declinatif a Esprit-de-l'Escalier (IDEE)” (Léon Mychkine).

The artist never exhausts her stories, constantly walking on the edge of reality as she thwarts certainties and poetises relationships.